Obésité : la faute au p'tit poucet ?


Si le petit Poucet n'avait pas semé des miettes dans la forêt, il n'aurait pas incité les petits oiseaux à grignoter entre les repas. Serait-ce aussi le cas de l'école maternelle où se sont généralisées des collations matinales suspectées d'effets nocifs sur l'alimentation des jeunes enfants ?


Finie la collation ?
Une enquête de l'agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) pose des questions sur ces collations au regard de l'augmentation de l'obésité chez les enfants. Aucune étude n'a pu établir de liaison formelle entre collation en maternelle et augmentation des surpoids, mais d'autres études ont montré que l'absence de carences alimentaires ne justifie plus la systématisation des " goûters " du matin.
De plus cette généralisation d'une prise alimentaire à l'École encouragerait les enfants au grignotage entre les repas. Le ministère s'est emparé de cette question. Le Sgen-CFDT, reçu en audience, sans être expert ès nutrition a proposé ses éléments de réflexion.

L'avis du Sgen-CFDT :
Le Sgen-CFDT a tout d'abord relevé que cette question ne concerne pas uniquement les classes maternelles, mais aussi les élèves de l'élémentaire et du secondaire avec les goûters fournis par les parents, sans oublier les distributeurs automatiques que les jeunes rencontrent de plus en plus fréquemment dans leur parcours scolaire : salle de sport, piscine communale, médiathèque.. . et surtout collège et lycée.

Moment éducatif
Une interdiction systématique de ce rite du " goûter " ne serait pas bienvenue. Dans de nombreuses écoles, cette collation est quelquefois une entrée pour l'éducation à une meilleure hygiène alimentaire :

* collation avec choix possibles entre laitages, fruits, céréales, avec tenue d'une grille pour que chaque enfant varie ses choix durant la semaine ;
* goûter à thème pour développer le goût;
* rituel associant alimentation et convivialité ;
* mplication des parents pour la programmation des goûters et l'achat des produits.

Ces pratiques mériteraient d'être plus largement développées, soit de manière régulière, soit selon le choix des équipes, de façon ponctuelle ou exceptionnelle.
Par ailleurs, l'horaire choisi pour instaurer ce temps quotidien est également un facteur à établir en conscience.

Pour permettre à l'enfant de concentrer toute son attention au profit des apprentissages et afin de ne pas ôter à l'enfant son appétit pour le repas du midi, le goûter peut être pris en début de matinée, parfois même à l'arrivée à l'école au moment de l'accueil. C'est évidemment important pour les enfants qui ne déjeunent pas chez eux le matin et devient primordial pour ceux qui vivent dans des conditions de pauvreté comme nous en a alerté le récent rapport du Cerc.

Concertation
Pour répondre à ces préoccupations, la question de la collation à l'école peut être abordée en conseil d'école afin de discuter de ce rituel, de son objectif, de son évolution, en partenariat avec-les parents d'élèves et les municipalités.

À l'issue de l'audience, le ministère s'est montré sensible à notre réflexion et semblait vouloir reprendre l'idée de diffuser l'avis de l'Affsa aux écoles pour que les conseils d'école puissent s'en saisir.
Le Sgen-CFDT est en tout cas persuadé que le débat doit être mené avec l'ensemble des partenaires et que la réflexion doit porter au-delà du problème de l'obésité : rythme de vie des élèves, éducation à la santé... La faim justifie des moyens, et ce n'est pas la faute du Petit Poucet.


Avis de l'Afssa 23 janvier 2004
http://www.enfance-nutrition.org/accueil/index.htm